Les objets connectés révolutionnent sans cesse notre quotidien, et de plus en plus le monde du sport, et la natation ne fait pas exception !

À l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024, qui sera une véritable vitrine pour l’innovation technologique puisqu’ils se dérouleront de façon inédite sous l’utilisation d’outils IoT (Internet des Objets), ces technologies promettent de transformer la préparation et la performance des athlètes qui les utilisent.

En effet, les athlètes de l’équipe de France de natation et autre nationalité s’entraînent avec différents objets connectés pour améliorer leurs performances, avant de s’élancer dans la piscine olympique de Paris La Défense Arena, du 27 juillet au 4 août pour tenter de remporter une médaille aux épreuves Olympiques de natation.

Une première dans la compétition, étant donné que, « Cela fait seulement un an et demi que la technologie est autorisée en compétition. Il y a donc une accélération de son adoption par les athlètes grâce à la miniaturisation, l’étanchéité et la facilité d’utilisation des capteurs », constate Robin Pla, conseiller technique national à la Fédération Française de Natation.

Utilisée dans différentes étapes importantes de la préparation des athlètes, l’objectif premier se retrouve dans la personnalisation de l’entrainement afin d’aboutir à la meilleure méthode d’apprentissage pour booster leurs performances.

La natation est un sport difficile à analyser, du fait qu’il se pratique essentiellement sous l’eau et que les entraineurs restent à la surface. Beaucoup de choses se passent sous l’eau. Pour donner des conseils de progression, l’entraîneur a besoin d’être au courant de ce qui s’y passe et jusqu’à présent, on avançait à tâtons », indique Robin Pla.

Avec l’apport des données obtenues quasiment en temps réel grâce à l’utilisation des objets connectés, les entraineurs sont en mesure d’adapter les exercices de façon quasi immédiate, et donc, d’optimiser l’entrainement.

Ainsi, les athlètes de l’équipe de France de natation se sont armés de différents appareils, avec une préférence poussée pour la bague connectée de la marque Oura, qui permet de mesurer le sommeil, l’activité, le stress ou encore la santé cardiovasculaire ! « La moitié de l’équipe de France en porte une afin de contrôler leur forme et leur capacité à bien récupérer après un effort. Florent Manaudou en fait partie. Mais s’il se doutait qu’il ne dormait pas assez, avoir les données sous les yeux renforce la prise de conscience et pousse à agir », précise Robin Pla.

Très efficace aussi, on retrouve différents genres de capteurs posés à différents moments et à différents endroits chez les athlètes. Ceux de fréquence cardiaque sont utilisés le matin pour surveiller le niveau de fatigue ; fixés sur les lunettes de natation, ils peuvent aussi servir à l’entrainement pour adapter les exercices. Les capteurs de vitesse et de positionnement, souvent intégrés dans les maillots de bain ou les bonnets, offrent une nouvelle dimension d’analyse pour les nageurs, ils mesurent, les mouvements du bassin et leur propulsion, mais aussi la vitesse, les variations de rythme et la position dans l’eau. C’est le cas des systèmes comme le TritonWear qui utilisent des algorithmes avancés pour fournir des informations en temps réel et des analyses post-séance détaillées.

Un peu moins sophistiqués on retrouve encore et toujours les montres connectés, telles que les modèles proposés par Garmin, Suunto ou Apple. Elles sont équipées de capteurs capables de suivre une multitude de paramètres essentiels : fréquence cardiaque, vitesse, distance parcourue, efficacité des mouvements, et même les phases de récupération.

Ces données permettent aux nageurs de comprendre précisément comment améliorer leurs performances. Par exemple, une montre connectée ou les capteurs posés peuvent détecter des inefficacités dans le coup de bras ou le battement de jambes. Grâce à ces données, les nageurs peuvent ajuster leur technique et maximiser leur performance dans l’eau, pratique non ?

En natation, on dit souvent qu’un départ raté, c’est comme rater le train pour une compétition. Ça peut compromettre toute la course ! C’est pourquoi il est essentiel d’assurer que chaque départ est exécuté avec précision et puissance.

Et ça la fédération française de natation l’a bien compris ! Elle mène depuis 2021, en parallèle, avec l’Insep et le projet ANR NePTUNE, une expérimentation basée sur les objets connectés et une analyse par computer vision sur les départs. Au total, 300 départs et une multitude de tests ont été mis en place sur plus de 20 nageurs.  

Des accéléromètres, des capteurs de force et une vingtaine de caméras connectées sont utilisés afin de créer des modèles de leurs performances pour aiguiller avec précision leur entraînement et les aider à optimiser leurs gestes. « Tracker à la main le départ d’un nageur à partir d’images vidéo pour le conseiller prend plus de deux heures, une durée réduite à cinq minutes grâce à la computer vision, ce qui permet de faire des retours directement sur le bord du bassin », affirme Rémi Carmigniani, mécanicien des fluides et chercheur à l’École des Ponts ParisTech.

« Cette expérimentation pose une base pour la comparaison, rajoute Robin Pla. Nous pouvons déterminer par exemple à quelle profondeur il doit aller pour obtenir sa performance optimale. »

Les systèmes de capture de mouvements et d’analyse vidéo, offrent aux entraîneurs et aux nageurs une vue d’ensemble détaillée de leur technique et performance.  Ensemble, ils peuvent ainsi visualiser leurs séances d’entraînement, repérer les erreurs techniques et recevoir les conseils appropriés pour les corriger.

L’entraînement virtuel et la réalité augmentée représentent également une avancée. En utilisant des lunettes de natation intelligentes, telles que les Form Swim de Goggles, les nageurs peuvent voir des informations en temps réel projetées directement dans leur champ de vision. Ces lunettes affichent des données telles que la distance parcourue, le temps écoulé et la fréquence des coups de palme ou de mains, permettant une immersion totale dans l’entraînement sans avoir besoin de vérifier une montre ou un écran.

L’IoT n’en est qu’à ses débuts dans le monde de la natation et plusieurs challenges sont encore à relever ! À commencer par son ergonomie et plus précisément dans sa facilité d’adaptation et d’utilisation. Un des objectifs post-JO serai de développer un software plus « user friendly » pour faciliter son exploitation et pouvoir l’étendre à tous les bassins.

Viens ensuite son coût d’acquisition, d’installation et de maintenance ; même si les objets connectés sont devenus accessibles, ceux utilisés en natation sont plus rare, sont moins développés et ne conviennent pas toujours.  

Et si l’intelligence artificielle représente une belle opportunité d’aller plus loin dans l’analyse des performances, la récolte et l’analyse des donnés ramassées dans le but d’une amélioration sont peu nombreuses.  « Il n’y a qu’une douzaine de compétitions par an, ce qui fait peu pour avoir des modèles robustes », explique Robin Pla.

Les perspectives de développement restent tout de même prometteuses conclu Robin Pla, « Nous avons commencé à utiliser des GPS pour la natation en eau libre. Si nous développons l’usage des capteurs pour fournir des données aussi détaillées que ce que peut montrer le Tour de France, cela rendrait les épreuves plus attrayantes pour les spectateurs. Je lance un appel aux start-up, car nous avons peu l’habitude de travailler avec elles et il y a tout à construire ensemble. »

À l’approche des Jeux Olympiques, ces objets connectés pourraient bien être la clé pour aider les nageurs à perfectionner leur technique, optimiser leur entraînement et améliorer leurs performances en compétition. En intégrant ces technologies dans leur entraînement, les entraîneurs peuvent analyser et affiner chaque aspect de leur technique, optimiser leur stratégie de course et maximiser leur potentiel.

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