Porté par la prise de conscience écologique grandissante à l’échelle mondiale, la dynamique des startups françaises, regroupées sous le label « FrenchTech », connaît depuis plusieurs années une légère mutation et développe un engouement particulier pour les entreprises dites « GreenTech ».

En plein essor ces derniers années, ces jeunes pousses qui développent des solutions innovantes en réponse aux défis environnementaux semblent désormais au cœur de l’attention des investisseurs.

Pour preuve, alors que les levées de fonds en France ont baissé de 40% en 2023, le secteur de la greentech a su se démarquer. Avec 2,78 milliards d’euros levés, soit une hausse de 9% par rapport à 2022, la greentech est devenue le premier secteur d’investissement en 2023 selon une étude de la BPI France.

Un dynamisme certes grandissant de la part de cet écosystème GreenTech mais qui s’oppose drastiquement au ralentissement global des investissements sur le marché de la FrenchTech. Pendant que la majorité des start-up françaises revoient leur modèle pour chercher la rentabilité, les jeunes pousses de la GreenTech privilégient plutôt l’hyper croissance.

Malgré un contexte économique plus difficile ces dernières années, la GreenTech se distingue et arrive à s’affirmer en tant que nouvel axe majeur de développement de la FrenchTech. En effet, encore en 2024, le dynamisme continue de s’intensifier ; Plusieurs entreprises innovantes ont émergé en France, et connaissent une forte expansion grâce à d’important financement. Au sein du secteur de l’analyse carbone digitalisée, la start-up Greenly a levé 49 millions d’euros, dans l’industrie de la biomédecine, l’entreprise Bioptimus a obtenu 35 millions d’euros d’investissement, et pour ce qui est de l’industrie de la construction écologique, la société NeoCem a levé 23 millions d’euros.

Mais ce n’est pas tout ! Des start-ups se sont également développées dans des secteurs tels que la mobilité durable, l’agriculture urbaine durable, le recyclage, le numérique responsable, la décarbonation de l’industrie, les énergies renouvelables, et l’efficacité énergétique. Au total, on compte 2 750 GreenTech en France selon la BPI.

Certes les chiffres sont assez significatifs, et pour cause, 42% des start-up GreenTech sont des entreprises industrielles, qui ont besoin de financement assez colossale. Si certaines entreprises ont besoin de millions d’euros pour se développer, on parle de centaines de millions d’euros pour les GreenTech, selon Benjamin Bitton, associé dirigeant de 2C Finance et trésorier de France Digitale. « Les Greentech industrielles misent sur des technologies qui nécessitent plus de fonds qu’un logiciel SaaS BtoB ; Si leur pari fonctionne, certaines d’entre elles pourraient devenir des véritables poids lourds. Cela pourrait être le cas de Verkor ou de Driveco, deux spécialistes de la recharge électrique qui ont respectivement levé en 2023 850 millions d’euros et 250 millions d’euros. »

La Greentech semble ainsi s’affirmer comme pilier résilient et prometteur de l’écosystème, un accomplissement hautement dû à un contexte générale propice à son développement. La transition écologique étant un enjeu majeur pour les années à venir, les innovations GreenTech auront un rôle crucial à jouer. « Ce n’est que le début de l’avènement du secteur, Les gens commencent à voir les effets du réchauffement climatique et prennent conscience du sujet », prédit Stéphane Bourbier. « 

Un autre facteur qui joue en faveur de l’émergence et de l’affirmation de l’écosystème GreenTech sur le marché est « la réglementation de plus en plus importante qui oblige les entreprises à se transformer », constate Stéphane Bourbier, CEO d’Asterion Ventures, une société de capital-risque dédiée à la transition écologique.

Notamment avec le décret mettant fin à l’impression automatique des tickets de caisse et de carte bancaire a permis à la start-up Billiv d’émerger. Ou encore, la réglementation européenne SDFR (sustainable finance disclosure regulation), qui vise à promouvoir la finance verte, permet le développement d’une start-up comme WeeFin qui aide les institutions financières à piloter leur stratégie ESG (environnemental, social et de gouvernance).

Autre coup de chance pour ces jeunes pousses françaises est qu’en Europe, la réglementation est en avance. Ainsi, les start-up auront un coup d’avance quand cette réglementation va émerger dans d’autres pays, notamment en Chine ou aux Etats-Unis.

Cet engouement se traduit également dans les chiffres de l’emploi, avec une croissance des effectifs dans les start-ups greentech. Certaines parviennent même à rivaliser avec les géants de la tech en termes d’attractivité des salariés, offrant des rémunérations et des perspectives de carrière assez attrayantes.

Toutefois, comme dans tous les secteurs un peu à la mode, on retrouve trop d’acteur pour un marché en pleine mutation, et loin d’être assez mature. C’est ici que se pose les limites de son développement : créer des besoins futiles au nom du green, comme c’était le cas il y a quelques années avec l’émergence du Big Data ou de la FinTech. Des opportunistes qui vont tenter leur chance, mais cette fois le risque est moins élevé au vu des importants financements requis.